"Kairov arpagein" disaient les Grecs anciens - et peut-être les Grecs d'aujourd'hui le disent-ils toujours - : "saisir le kairos" !!!
Encore un oxymore où les Grecs excellent, eux qui ont porté la pensée à la conjonction de l'Orient et de l'Occident, ces Harpagons de l'occasion, ces producteurs de cette notion intraduisible, notion si précisément "intangible" et pourtant d'une présence si pointue !,
Banderillas, Picasso
A la juste interception de "l'aion" - l'éternité, la totalité, l'unicité "quantique"- et du "chronos" - notre temporalité linéaire, binaire, passé/présent/futur- le kairos est la traduction de l'esprit dans l'acte : la seule action qui vaille, celle qui transforme radicalement le cours obstiné des choses et des situations qui se déroulent dans notre temps, c'est bien celle qui provient du saisissement par l'esprit du kairos !
Le temps sur notre Terre se précipite, se perd, s'égare, devient chose rare ; nos cerveaux s'y collapsent. Reste la puissance de l'instant, celui où l'esprit saisit l'inattendu pour le transformer en acte opportun - le kairos !
Mais saisir l'instant fructueux exige une vigilance, une veille toute particulière, une ascèse constante alliée à un abandon du cœur-conscience, une confiance large, totale, dans tout ce qui à la fois nous échappe et nous étreint..