Une des questions itératives, dès qu'on cherche à initier les démarches innovantes que nécessite l'orientation RSE ou Développement Durable au sein de l'entreprise ou autre organisation, est celle de la mobilisation des publics, internes ou externes.
Cet extrait d'article lu ce matin dans Terra Eco est très révélatrice des ressorts sinon de la mobilisation, du moins de la curiosité des publics : il s'agit d'un interview auprès d'un climatologue, et professeur à l' université de Stanford, Californie, Stephen Schneider; je cite :
Question : dans votre ouvrage, vous suggérez également que les journalistes ne devraient pas tenter de faire preuve d’impartialité en accordant le même temps de parole aux « dénigreurs du changement climatique » qu’à la majorité des scientifiques qui défendent la théorie du réchauffement climatique… Pourquoi ?
Lorsque je dis que les journalistes ne doivent pas faire preuve d’impartialité sur ces questions, je veux simplement dire qu’ils ne doivent comparer que des arguments qui méritent d’être comparés et sont donc tout aussi crédibles. Je n’ai jamais suggéré que les médias ne pouvaient pas communiquer tous les points de vue. Le problème, lorsque vous accordez la même place à des arguments qui n’ont pas la même portée scientifique, c’est que vous laissez au public la tâche d’aller s’informer lui même pour pouvoir trancher sur la véracité des propos. Or il ne fera jamais. Cela me fait penser à un dessin que je montre toujours à mes étudiants qui montre deux séances de cinéma, l’une affichant Une vérité qui dérange, le film d’Al Gore, et l’autre un documentaire intitulé Un mensonge crédible. La file pour le film d’Al Gore est vide alors que les gens se pressent au portillon pour aller voir l’autre film.
La communauté scientifique a un handicap lourd par rapport à ses adversaires : nous avons un code non écrit qui consiste à dire la vérité. Il est donc crucial de communiquer à l’aide de métaphores qui suggèrent à la fois l’ urgence et l’incertitude ce qui n’est pas très facile.
Je suggère par exemple de comparer la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique à celle de contracter une assurance incendie pour protéger sa maison d’une telle éventualité, même si les risques sont faibles. Considérez également l’investissement considérable des gouvernements nationaux pour protéger leur pays de toute une série de menaces militaires et stratégiques. Il est essentiel que la communauté scientifique réalise qu’il est parfaitement acceptable de n’être pas en mesure de prédire l’occurrence d’événements à 95%. Je suggère aussi de ne pas dire que le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) recommande de limiter la hausse des températures à 2 degrés car il s’agit d’un jugement de valeur qui implique une acceptabilité de risque.
Je pense qu’il est beaucoup plus efficace de dire que les études du Giec montrent qu’au-delà d’une hausse de 2 degrés, un grand nombre de systèmes (géophysiques, biologiques et socio-économiques) seront dangereusement menacés car il s’agit d’une affirmation beaucoup plus objective !
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