Comment mieux clore cette année 2010 qu'en évoquant ce qui se fait de meilleur au sein de notre humanité.
Je suis heureuse de constater que certains êtres chers participent activement à l'aventure de la perpétuation de l'humanité dans le monde, à l'accession de la maturité de l'homme, si longue à acquérir;
Dans mon entourage proche je pense bien sûr à Jean Baptiste de Foucauld qui a lancé le Pacte civique* (voir www.democratie-spiritualité.org) qui, conjointement au Pacte Ecologique de Nicolas Hulot devrait servir de charte d'engagement des futurs candidats à l'élection présidentielle ; lui aussi est un inlassable défenseur du partage équilibré des richesses, à la recherche active de tous les moyens de lutter contre la pauvreté et l'exclusion et défenseur de "la sobriété heureuse" qu'incarne Pierre Rabhi.
Mais je veux dire ici ma reconnaissance à Caroline Guidetti d'être mon associée dans Visions+, elle dont la vie témoigne de l' engagement constant, persévérant, pour l'annonce des porteurs de ce qu'il y a de plus vital, de plus lumineux, de plus vivant pour nos sociétés; son année 2010 est longue en rencontres éclairantes, elle la termine ce vendredi 10 décembre dans son émission "ressources" sur la radio ici et maintenant ( http://icietmaintenant.com) par un entretien autour du "Cercle de Beauté", avec Pierre Rabhi qui s'associe à Paul Crane Tolakhai, pour témoigner des pratiques des cultures indigènes liées au respect premier de notre terre-mère, ou de notre terre-patrie/matrie (www.navajo-france.com) !
Et pourtant... multiples bonnes volontés ou exemples lumineux ne feront rien évoluer profondément sans prise de conscience de nos élus, et surtout, sans changement radical de nos institutions : Dominique Bourg, philosophe et professeur à l'université de Lausanne (plus précisément directeur de l'institut des politiques territoriales et de l'environnement humain) était invité la semaine dernière à Marseille (dans une salle tendue du velours rouge des cinémas de la rue Vincent Scotto!) à l'initiative de l'Institut Inspire- Emmanuel Delannoye.(voir son livre Vers une Démocratie Ecologique , le Seuil, collection la République des Idées).
Il dessine 3 grands chantiers actuels : celui de la démocratie écologique : il a très clairement expliqué que face à l'aggravation constatée de tous les indicateurs de développement durable depuis plus de 25 ans, nous ne pourrons pas progresser sans réformer nos institutions qui ne sont pas capables de prendre en compte les enjeux de développement de long terme. Nos politiques publiques ne peuvent pas répondre à des questions radicalement nouvelles auxquelles nos aïeux n'étaient pas confrontés .
Les nouveaux défis dont la solution exige une innovation institutionnelle sont par exemple les problèmes de raréfaction des ressources, et les problèmes de contradiction entre nos activités et les systèmes de la biosphère par exemple, d'où la capacité de régulation de la biosphère ; l'essor des technologies (nanotechnologies, géo-ingénierie, etc.); ensuite, la gestion de nos intérêts en lien avec une valeur "marchande" : comment donner un "prix" à des services éco-systémiques, alors que les services rendus par la nature (eau, air, soleil, vent, etc.) jusqu'alors ont une "valeur" qui n'est pas un "prix"...
Bref, Dominique Bourg démontre en plusieurs points que nos démocraties représentatives, meilleur système trouvé pour que des individus s'expriment directement sur les politiques publiques adoptées, ne fonctionnent pas du tout pour les problèmes trop complexes d'environnement. Il propose l'émergence d'une démocratie participative-délibérative où un petit nombre informé va infléchir une prise de décision particulière : ce n'est plus un élu qui représentera mes intérêts, on ne raisonne plus simplement sous formes d'intérêts, mais on raisonne, on argumente sur l'intérêt général, inséparable de l'intelligence collective (qui s'établit par petits groupes),d 'où aussi la nécessité de donner un rôle plus grand aux ONG environnementales ou sociétales qui relaient un certain type de connaissances.
Il devient bien sûr aussi nécessaire que nos élus soient très précisément informés de l'état des ressources et des régulations de la biosphère, ce qu'ils ne sont pas...
Dominique Bourg plaide pour une nouvelle constitution qui serait une sorte de bio-constitution, avec une nouvelle chambre haute, un sénat composé de personnalités qualifiées, et pour la construction de modèles macro-économiques qui ne seraient plus des modèles de croissance mais qui conduiraient à redéfinir la question fondamentale du bien-être qui ne se réduirait plus à la simple satisfaction des égoïsmes, ainsi que la question fondamentale de la diversité et du lien social, plus , bien sûr, le chantier des régulations internationales, qui buttent sur l'écart considérable entre distributions de richesses...
* Téléchargement Pacte_civique_2_pages (2)
Téléchargement Pacte_ecologique_presentation