Walter Bouvais, co fondateur et directeur de publication du magazine Terra Eco -Terraeco.net- ne peut pas être plus clair sur les conclusions de la récente réunion Sarkozy-Merkel : le succès du sommet de Bruxelles n'est qu'un leurre !
Il poursuit ainsi, en trois chapîtres courts qui me paraissent d'évidence :
1. Terres rares
Car il y a cette chose qu’aucun dirigeant européen n’admet publiquement : notre croissance économique est une chimère, puisqu’elle implique une surconsommation de ressources naturelles intenable à long terme. Le stock de ces ressources fond en effet à vue d’œil. Les pays riches manquent déjà de terres rares pour fabriquer leurs joujoux électroniques, tandis que les pauvres manquent de terres arables pour y élever leurs cultures vivrières. Les pays du Nord ne pensent qu’à croître, car ils n’ont rien trouvé d’autre pour (re)financer leur « modèle » social. Ceux du Sud ne pensent qu’à croître, car ils n’ont rien trouvé d’autre pour sortir de la misère sociale. Résultat, nous sommes de plus en plus nombreux à lorgner des ressources tout aussi vitales pour nos pays, qu’inexorablement condamnées à un sort de peau de chagrin.
2. ni démondialisation, ni décroissance
Dans ces conditions, on peut parier que le temps qui nous sépare de la prochaine crise se compte en mois. Nouveau choc pétrolier, pénurie d’électricité, émeutes de la faim, faillite financière. Peu importent les symptômes. Le point fondamental est qu’ils renvoient tous au même mal : c’est notre modèle économique et, au-delà, notre modèle de civilisation fondé sur les ressources physiques de la planète, qui est en phase terminale. Aucune solution miracle n’existe, mais on peut déjà en exclure deux. La démondialisation, tout d’abord : ce concept rassurant porte en germe la menace d’un repli sur soi, à l’heure où nous manquons cruellement d’Europe et davantage encore de gouvernance mondiale. La décroissance, ensuite : certains – comme nos voisins Espagnols – la testent déjà à grande échelle depuis 2009, avec les dégâts humains que l’on sait.
3. Une vraie transition écologique
D’autres solutions sont à portée de main. Tout d’abord, imaginer de nouvelles formes et de nouveaux indicateurs de prospérité, faute de quoi l’obsession de la croissance du PIB nous tuera. Ensuite, remettre définitivement les marchés financiers au service de l’économie réelle, en osant lataxe Tobin, en puisant dans les paradis fiscaux les gigantesques réserves financières qui y grouillent, en cessant de subventionner les énergies fossiles . Et puis, susciter des générations entières d’entrepreneurs sociaux, au service de l’intérêt général et non plus du seul profit individuel. Enfin, mettre cette force de frappe intellectuelle, humaine et financière, nouvellement constituée, au service d’un programme historique pour la transition énergétique et écologique. C’était, déjà en 2008, le sens d’un « Green New Deal » qui ne fut qu’un effet d’annonce. Nous avons droit à une deuxième chance. Mais vite, car en sous-sol, l’incendie continue de se propager.
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