Quelques notes de bon sens en vrac :
L'entreprise responsable est au sens propre celle qui "répond" de l'impact de ses activités et de ses décisions sur la société, l'environnement, le vivant, autrement dit : elle " prend en compte " et elle " rend des comptes":
- non seulement, comme elle le fait généralement aujourd'hui, principalement à ses actionnaires, avec l'objectif principal de maximiser les profits pour leur compte, et ensuite parfois à ses clients, avec l'objectif principal de pérenniser ses profits,
- mais d'abord, aujourd'hui pour demain, à la "société" (dans ses dimensions économique mais aussi environnementale et sociétale, soit : civile, sociale, politique, culturelle...) dans laquelle et pour laquelle elle oeuvre, à qui elle se sent redevable des impacts sociétaux, environnementaux, sociaux et culturels de ses activités et de ses décisions. D'où la notion nouvelle de "zone d'influence".
chargement de soufre, mineurs, île de Java
L'entreprise responsable est par nécessité "citoyenne" : elle respecte les lois et les règles (fiscales, sociales, droits de l'homme et du travail, nationales et internationales) et elle est un des acteurs volontaire de développement de la cité, de la communauté locale ou des communautés plus larges pour laquelle elle oeuvre....
La notion de responsabilité... nécessite d'abord de prendre conscience de son niveau de maturité et ensuite la volonté de mieux faire. Soit pour l'entreprise la nécessité de repenser d'abord sa stratégie sur la base de quelques questions simples (qui je suis aujourd'hui, où je veux aller, dans quel cntexte en mutations, pourquoi et pour quoi) et de susciter la volonté partagée par tous d'y aller ; ce n'est qu'ensuite que se pose la question du comment, en permettant de faire émerger des solutions nouvelles et des comportements nouveaux de la part de toutes ses parties prenantes, internes et externes.
De la sorte l'entreprise devient un "éco-organisme", une organisation en interactions multiples avec les autres organismes ou organisations au sein d'un ou de plusieurs "éco-systèmes", elle même devant se considérer comme un eco-système particulier qui inter-agit dans toutes ses composantes avec les autres "éco-systèmes" particuliers avec lesquelles elle a un lien, et dans tous ses domaines d'application : stratégie, innovation, gouvernance, finances, achats, communication, commercial, R&D, gestion des risques, production et logistique, marketing, RH.
Vu les grandes nuisances constatées du manque de responsabilité par rapport aux ressources humaines et naturelles exploitées par les entreprises depuis plus d'un siècle, penser "entreprise responsable" exige un changement de paradigme : non seulement "faire plus et mieux avec moins" , mais faire "autrement" : passer d'un modèle binaire à un modèle complexe, en flux d'actions, d'interactions et retro-actions ; par exemple, elle ne peut plus penser la chaîne de valeurs de ses produits et services dans une logique simple de cause à effet, mais dans une logique circulaire de cycle de vie ( de l'extraction au recyclage , en évaluant l'ensemble des interactions avec l'environnement naturel, social et culturel au sens large,à chaque étape du cycle de vie) et ce à tous les niveaux de ses applications. Elle doit aussi mettre à plat les modalités de gestion de son organisation, pour la rendre plus souple, plus agile, plus réactive, plus créative...
D'où la nécessité de la mise en place et du redéploiement d'une véritable "stratégie" d'entreprise, sur la base d'une vision à moyen/long terme partagée par toutes les parties prenantes internes et externes de l'entreprise, en repensant sa grouvernance et le management de son organisation.-.
Ce changement de paradigme est intrinsèquement lié à la dynamique de mutation culturelle globale de l'humanité en développement : nous sortons depuis 30/ 50 ans des modèles du néolithique (3000 ans avant Jesus- Christ) et l'anthropocène fait plus de ravages que de bienfaits ! Faut il des crises et des catastrophes pour vouloir changer ? c'est certainement une voie. Je pense aussi que l'accès à la prise de conscience de "qui on est" et du "pourquoi" et "pour quoi" on agit, peut suffire à susciter l'envie de faire mieux ou autrement.
Mais, comme le précise Novethic, la mise en place et le déploiement de politiques ambitieuses de RSE passent par une évolution des modèles de valorisation des entreprises, une intégration de cette nouvelle vision par les investisseurs et non seulement la production par les entreprises de données extra-financières fiables, homogènes, pertinentes et comparables d’un exercice à l’autre, mais l'élaboration de nouveaux modèles comptables !
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