Chaque rencontre est une grâce, ou devrait être ressentie comme telle.
Pourtant, il en est de plus gracieuses, ce sont les rencontres qui semblent vous être données, ce sont ces hommes ou femmes qui adviennent dans votre vie, sans pesanteur, et dont la présence, intense, n'est là que pour vous élever, pour élargir et déployer l'âme, l'esprit et le coeur
3 hommes m'ont fait le don de leur présence, de leur attention, j'oserais dire "transcendante"et universelle:
.le prophète social, René Dumont, tout au long de mon adolescence, dont je buvais les paroles et les mots qu'il jetait sur des bouts de papier lors de ses innombrables voyages, et qui, sans l'ombre d'un doute, a ouvert en moi la toute première conscience de mon appartenance planétaire à l'espèce humaine productrice et prédatrice...je l'écoutais, je commence seulement à comprendre, plus de 30 après, la portée de ses paroles - "nous allons à la famine"-. C'est lui qui m'avertissait, j'avais 14 ans : "tu fais de la dentelle quand la maison brûle"...cette imprégnation a favorisé mes engagements futurs, de façon privée au sein de SNC (Solidarités Nouvelles face au Chomage) par le truchement d' une autre rencontre d'exception, Jean-Baptiste de Foucauld, et de ses amis du "groupe Madeleine", et de façon professionnelle, dans la constance de mon effort pour la mise en place d'utopies concrètes au sein de l' entreprise, pour participer à la pensée de ses nouveaux modèles de développement, de développement durable,de RSE, et pour établir enfin sa responsabilité en tant qu'acteur social ou sociétal...
.le musicien, Carlos Cebro, et quel musicien! depuis mes 30 ans, lui qui accompagne au piano les plus grands, et qui initie tant d'autres de Montévideo à Barcelone, m'a fait, semaine après semaine, le don de ma voix; il a forgé mon corps intérieur, muscles et nerfs, de la racine de ma colonne vertébrale au sommet ultime du crane, l'autre racine, il a créé, patiemment, la colonne intérieure de mon souffle, celle qui permet à la vie de me traverser, de m'inonder, et de traduire comme par magie ses effluves, c'est lui qui a ouvert pour moi les "écluses du ciel", avec ce simple mot, répété à quasi chaque note : "c'est bien, mais..."
.le penseur, le savant, le poète, l'écrivain, homme de lettres, d'arts et de théâtre, Shuichi Kato, j'aime à restituer la légende de notre rencontre, au Château de Blois, lors d'un colloque franco-japonais où j'avais été conviée, presque par hasard, en remplacement d'amis très chers; le temps d'une pause,sur le porche, Shuichi et moi avons regardé ensemble les salamandres de François 1er, nos paroles et nos regards se sont croisés, et nous ne nous sommes plus quittés...le soir, l'escalier à vis de Léonard de Vinci à Chambord a confirmé notre amitié déjà née: j'ai tant appris de cet homme, de la musique de sa voix, de la précision de ses pensées, de l'échange, véritable "écho de l'ange", tant de résonnances entre nous, tant de subtilité, tout était prétexte à partage...lors d'un voyage à Vézelay, j'ai redécouvert avec lui la cathédrale, comme à Assise, illuminée de lumière blanche, et nous ne cessions pas nos échanges, comme je l'ai écrit à ce moment là dans un de mes carnets: "France, Allemagne, Japon, Judith Triomphante, Vivaldi, Bach, l'extase et l'enthousiasme, Rogier Van der Weyden, Luchas Cranach, Italo Calvino, Prushkovsky, Rimbaud, la source celtique, l'instant de l'étoile, Abendrot entre chien et loup, Oborotsuki au dessus du Joyau de Saint Père la nuit, Schuman, le vert colibri, Balladur, Mitterand, Köln, Düsseldorf, Meursault, Pommard, Volnay, Beaune,le jugement dernier et encore Roger Van der Weyden, l'homme qui mange sa main, les ailes rouges des anges, la Madeleine, la Putain et la Vierge, Florence, Meneau, la légitimité de la peinture, Auxerre et Restif de la Bretonne, les pêcheurs, les 2 ponts, l'eau brune-noire à Pierre Perthuis, l'étang de Chamerel, le Sosthène, la Gisèle, la séductrice..."