Ci-dessous un article de Karine le Loët dans la revue Alter Eco relatif aux calculs de CO2, de plus en plus fiable :
Trois chercheurs livrent un outil inédit qui invite chaque pays à remonter la chaîne de son CO2, de l'extraction et la fabrication des produits à leur consommation.
Calculer le carbone émis sur son territoire, c’est bien. Compter les émissions intégrées dans les produits consommés, c’est mieux. Quand il fait son bilan carbone, un pays comptabilise les émissions de ses centrales, de ses autos, de ses maisons. Mais se garde bien d’indiquer le CO2 embarqué dans les produits qu’il importe. En clair, les émissions dégagées par la fabrication d’un téléphone en Asie, de l’extraction d’un litre de pétrole en Arabie Saoudite ou de la culture d’une tulipe en Hollande.
Un rapport change la donne. Signé de trois chercheurs (deux travaillant à l’Institut américain Carnegie et le troisième au Centre international pour la recherche sur le climat et l’environnement d’Oslo), il se charge de suivre le CO2 à la trace : depuis les puits où l’on extrait le pétrole, le gaz et le charbon vers les pays où ces énergies sont utilisées pour fabriquer les produits et services jusqu’aux nations où ces derniers sont goulûment consommés.
Selon les chercheurs, 6,4 milliards de tonnes de CO2 (23% des émissions globales) seraient ainsi intégrées dans les produits qui s’importent et s’exportent à travers le monde. Tandis que 10,2 milliards d’autres (37% des émissions mondiales) proviennent plus directement des énergies fossiles vendues et achetées par les nations.
Prenons l’exemple de la France. A en croire le second graphique, elle assume principalement les émissions des biens qu’elle consomme. En clair, les émissions liées à la fabrication des produits et des services fournis à la population ont principalement été rejetées dans l’atmosphère hexagonal. A plus de 55%. Seule une minorité d’émissions vient s’ajouter à la facture de la Chine, des Etats-Unis et de l’Allemagne.
Bonne élève la France ? Oui, si on oublie que pour élaborer ces biens, elle utilise des ressources fossiles venues d’ailleurs. Et là, c’est la Russie qui paye le prix fort du confort français, en endossant 26,8% des émissions liées aux extractions de gaz, pétrole ou charbon utilisées pour les produits français. Viennent ensuite le Moyen-Orient (11,9%) ou la Norvège (9,2%) pour le pétrole, la Chine, l’Australie ou l’Afrique du Sud pour le charbon.
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