Il m'a été demandé un portrait pour la Newsletter des "Pionnisers des Alliances Territoriales" de décembre 2017.
L'exercice ne m'a pas été aussi facile que je le pensais, mais voici le résultat, en grandes esquisses, et en réponse, heureusement, à quelques questions préparées.
Newsletter Pionniers des Alliances Territoriales –Décembre 2017
Rubrique : PORTRAIT
Odile Solomon, Vice-Présidente de Pays d’Aix Associations (PAA), porteur du projet « Envies d’Alliances »
- Odile, pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel et professionnel ?
Certainement un parcours atypique : une formation très classique - hypokhâgne, khâgne, agrégative de grammaire, au lycée Fénelon à Paris-, mais doublée d’un cursus à la Sorbonne de maîtrise de linguistique comparée, puis un DESS de sémantique structurale à l’EHESS, et un passage expérimental à l’Institut de Sémiotique d’Urbino en Italie, tout cela pour basculer dans la création d’une entreprise de consulting international, avec une équipe de plus de 10 consultants bilingues et binationaux de belles pointures, où nos recherches, basées sur la sémiotique appliquée, nous ont amené à mettre à jour les représentations et les codes culturels des différents marchés, bien en amont des études marketing classique, au bénéfice de clients, très grands comptes.
Une longue période de quelques beaux succès, à la recherche constante du sens, ou du moins du processus et de l’émergence de la signification au sein des cultures, et quelques cuisants échecs, dont celui de n’avoir jamais pu faire aboutir auprès de la DGX à Bruxelles la mise en œuvre d’un protocole de construction de l’image de l’Europe auprès des citoyens.
Dès après Rio, du fait que j’ai toujours voulu œuvrer pour des entreprises qui cherchent à définir le sens et la vision qu’elles donnent à leur organisation, à leurs produits et à leurs services, je me suis sentie très impliquée par la notion de responsabilité des organisations qui deviennent co-actrices du développement, et donc du mieux-être des hommes et du vivant, et se vivent en interactions permanentes et changeantes avec leurs parties prenantes et les autres organisations de la société.
Depuis 2000 , nous vivons en zone de grandes turbulences où deux logiques économiques se côtoient, se juxtaposent, et entrent en conflit, de façon souvent contradictoire, en s'opposant terme à terme ( le capital et l'intérêt privé au centre ou l'humain, le vivant et le bien commun au centre ?, l'organisation hiérarchique pyramidale et/ou l'organisation systémique horizontale ?, le management où il convient de prévoir et contrôler et/ou celui où il s'agit de ressentir et d'ajuster ?, la compétition et/ou la coopération, la mutualisation, le partage ?, la productivité et/ou la créativité ?, le quantitatif, la culture du chiffre oui, si au service du qualitatif, etc.)
Aujourd’hui donc, j’appartiens à un réseau de consultants en RSE/RSO, et j’ai pleinement décidé d’être un acteur de la transition pour participer et contribuer à l'émergence d’une nouvelle logique économique où il faut tout réinventer. Chaque jour, nos expérimentations, nos pratiques et nos décisions nous amènent à poser les possibles d’un nouveau modèle d'économie soutenable, où chacun doit tenter de se réapproprier sa responsabilité, en se demandant d'abord pourquoi et pour quoi il agit, avant de se poser la question du comment.
Parallèlement à mon activité professionnelle, et du plus loin qu’il me souvienne, j’ai toujours eu une activité bénévole au sein d’associations.
Quand il m’a été demandé il y a 3 ans maintenant de devenir membre du Conseil d’Administration de Pays d’Aix Associations, j’y ai senti l’opportunité d’aider à relier la société civile organisée représentée par les associations avec les entreprises, les institutions et les collectivités dans une dynamique convergente au service, enfin, du « bien commun » d’un territoire.
Finalement, sur un plan plus spirituel si je résume mon parcours d’engagement, j’aime à dire que c’est la trajectoire "de l'invisible à l'inattendu" qui qualifie le mieux pour moi ce que je prétends porter et apporter dans mes approches de vie, personnelle et professionnelle.
C’est aussi le résultat d'un travail réitéré jour après jour pour la mise en œuvre de la confiance entre les individus et de la coopération entre organisations : commencer par soi, mais pas pour soi, se réajuster et laisser advenir, avec et pour autre chose que soi, plus grand que soi…
- Quelle est votre mission au sein de l’association ?
PAA est une tête de réseau, une MVA qui gère 700 associations adhérentes et offre des prestations à environ 1000 associations.
Depuis 2 ans, une nouvelle gouvernance a été mise en place avec l’élection d’une nouvelle présidente, Patricia Aubanel, venant elle-même du CJD.
2 vice-présidents ont été élus, en charge des relations avec les parties prenantes : l’un Jacques Leuci, en charge de la relation avec les collectivités, et moi-même, avec les entreprises.
Du fait que PAA est membre du RNMA (réseau National de la Maison des Associations), lui-même partenaire du RAMEAU, je me suis tout naturellement inspirée des travaux de ce laboratoire et sur leur modèle, j’ai lancé fin 2016 un projet de partenariats associations-entreprises, qui est devenu « Envies d’Alliances », puisque les partenariats trouvent leur socle sur des alliances de différents acteurs dans 3 territoires .
- Qu’est ce qui a été déterminant pour vous dans votre décision de « migrer » vers la Provence ?
L’envie de lumière et de soleil 340 jours de l’année, bien sûr, et une fille et des petits-enfants qui vivent dans les Alpes de Haute Provence ! Mais ce qui a été déterminant, c’est le TGV : quand je suis arrivée à Aix-en-Provence il y a 10 ans, je continuais à travailler à Paris, et ce sont alors des problèmes de maladie de mon conjoint (tout va bien maintenant !) qui m’ont convaincu d’explorer la région. C’est toujours une grâce pour moi de vivre à Aix !
- Pourriez-vous nous faire part d’une rencontre qui a marqué votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Pour ce qui est de ma vie associative, à Paris, j’ai été bénévole à SNC (Solidarité Nouvelle face au Chômage) et j’ai eu la grande chance d’appartenir au groupe fondateur, dit groupe « Madeleine », où j’ai pu rencontrer chaque mois et sur plusieurs années Jean-Baptiste de Foucauld, Hugues Sibille, Laurence et Jean de Bodman…, toutes personnalités exceptionnelles, qui m’ont tout appris de l’engagement sociétal dans ses plus vastes dimensions. Je leur suis très reconnaissante.
- Vous m’avez dit avoir travaillé sur Paris précédemment, voyez-vous des différences dans l’approche du traitement des fragilités territoriales entre la très grande ville et le pays d’Aix ?
Le programme PHARE conduit par le RAMEAU devrait bien répondre à cette question. Étonnamment la Région Sud (ex Paca) n’est pas en reste !
Ce que je peux dire, c’est que la notion de territoire, au-delà de son aspect administratif, est plutôt récente me semble-t-il, et pas encore très claire dans l’esprit des décideurs du point de vue de la pluralité de ses dimensions : le territoire comme lieu d’ancrage productif des organisations est assez bien compris, quoiqu’il nécessite le développement de la confiance, surtout quand il s’agit d’initier une économie circulaire. Mais le territoire comme espace de projets où chaque organisation est appelée à se reconnaître comme acteur collectif est encore rare, je crois.
Il me semble que la proximité des acteurs dans un territoire de moyenne taille est plutôt un facteur de facilité et d’ouverture de possibles… pour peu qu’il y ait une ou des volontés pilotes.
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