Reconsidérer la richesse, évaluer les actifs immatériels de la création, de l'innovation, des services rendus bénévoles, etc. d'un Etat, d'un territoire, d'une ville, d'une entreprise, d'une association, voilà l'importante question que je suis heureuse de voir soulevée avec sérieux par Bercy même.
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Voici la Communication stimulante de Jean-Paul DELEVOYE, Président du Conseil Économique, Social et Environnemental, le CESE, favorable au soutien d’une politique publique de l’immatériel :
« L’immatériel est un enjeu considérable. Par exemple, les entreprises du numérique comptent 900 000 emplois en France ! Personne n’en parle. Nous savons que la comptabilité nationale ne mesure pas correctement, aujourd’hui, non seulement la richesse mais aussi le potentiel de développement de notre pays. Le PIB gère les flux mais pas les stocks.
Nous sommes dans une révolution de nos sociétés, de nos méthodes de travail, de nos créations de richesse. Cette métamorphose nous impose de nouvelles réponses. C’est pourquoi je souscris à une nouvelle élaboration de la comptabilité nationale.
Depuis des années, je me demande pourquoi dans les collectivités territoriales et l’État, nous n’avons pas, comme pour les entreprises, à côté de la gestion des dépenses et des recettes, la gestion des actifs et des passifs. C’est fondamental, car les normes comptables peuvent changer considérablement notre vision de l’économie mondialisée. > Aucun système ne se construira sur la désespérance des hommes Je crois en un État capitaliste, qui valorise ses atouts, qui fait la promotion des potentialités que l’on ne voit pas mais qui pourtant créent la richesse du pays.
Aucun système ne se construira sur la désespérance des hommes. Passer d’une société de la performance à une société de l’épanouissement est un enjeu déterminant de l’efficacité et de la productivité. Passer de la société de l’acquisition à la société du partage est un élément important de la relation nouvelle que crée l’économie numérique.
Prendre en compte ce qui peut avoir des impacts positifs, pas seulement sur l’aspect financier — aujourd’hui la comptabilité ne prend en compte que la prise de risques financiers et à la rentabilité des capitaux — sans négliger la formidable ambition politique qui est de réconcilier la performance économique et la performance sociale.*
En faisant des propositions et en nous interpellant le rapport d’Alan Fustec (voir page 3) montre bien comment bonifier le capital humain français. La force de l’Allemagne c’est le process, la force de la Grande-Bretagne c’est l’obsession du résultat, la force de la France c’est sa créativité et son innovation. Or nous sommes dans un système où nous dégradons le capital humain parce que nous le mettons — par notre système éducatif et de management — plus en face de ses échecs que de ses potentialités.
Libérer l’inventivité, la créativité, valoriser et optimiser les talents, c’est un enjeu déterminant pour l’efficacité économique de nos entreprises. C’est pourquoi, le capital immatériel est un enjeu majeur et je souhaite qu’à partir de ce rapport nous puissions nourrir des réflexions, organiser des colloques pour s’approprier cet enjeu : modifier les règles de la comptabilité nationale, profiter aussi des avancées de l’économie sociale et solidaire — complémentaire de l’économie marchande — réfléchir aussi à l’évaluation des politiques publiques qui ne doivent pas avoir pour but essentiel la maîtrise de nos dépenses mais les évolutions positives des comportements. »