Un de ces radieux dimanche de septembre à Aix, juste avant la fin de l'exposition, j'ai eu envie de découvrir les Lauréates 2017 du Prix HSBC de la Photographie à l'Hôtel Gallifet.
La promenade était plaisante, à quelques 200 mètres à peine de chez moi, devant les plus beaux Hôtels et leurs façades en rénovation, et les badauds se font rares en cette période ! Bref, après avoir traversé la cour ombragée et devenue accueillante, par les bons soins de Nicolas Mazet, je parcours les belles salles rayées de lumière de l'Hôtel de Gallifet.
Je suis restée quelque temps seule à l'intérieur et j'ai pu à mon gré rester devant chaque visage, chaque corps, paysage ou still life proposés à ma méditation. Laura Pannack m'a offert, après ses portraits âpres dans une nature austère, quelques objets dans un fond de matité douce et crémeuse "à la Chardin".
Puis, je descends au sous-sol, dans la salle voutée de fin d'exposition, et là, loin de la figure vieille et fatiguée racontant son histoire sur la vidéo de la salle du dessus, le visage de Marie-Claude, saisi par Mélanie Wenger m'apparait, transiguré : j'y vois l'archétype de l'ange.
Le visage de Marie-Claude saisi par Mélanie Wenger
J'y vois un visage archétypal, "ce que les textes gnostiques nomment "une véture de gloire", une "robe de lumière"...toute la vie gnostique n'est que la recherche et l'atteinte de ce moment inouï où nous coïncidons avec nous mêmes !".
Je venais de finir de lire "Sourates" de Jacques Lacarrière et j'avais encore dans mon sac le livre à la couverture verte de chez Fayard. Il continue ainsi dans la sourate du visage II : "qu'est ce que l'ange si ce n'est, théologiquement parlant, l'antériorité mais aussi la postériorité de nous mêmes? ". Puis, plus loin : " Tout visage porte un projet de pérennité, sinon d'immortalité...Seuls les gnostiques semblent avoir regardé, détaillé, interrogé la chair, le corps, les êtres, les étoiles...Pour eux, notre visage préexiste à toute incarnation, il est la projection, le reflet, la ressemblance, l'homoiosis, l'hologramme maladroit d'un être plénier antérieur à nous même ! "
Je ne peux pas mieux dire ! C'est aussi l'image de "l'icone intérieure" ou du "prosopon" (πρόσωπον) traduit souvent par "face" mais qui est le reflet du visage intérieur dans la face extérieure.