J'apprends aujourd'hui, un mois après, la disparition de cet ami pour toujours, dont j'aimais redire ce mot qu'il me disait un jour, à Beaune, devant un verre de splendide Bourgogne: "la Mort ? c'est ne plus entendre Mozart !"
voici l'hommage qui lui est fait dans un article du Monde (08 décembre 2008):
"Intellectuel japonais, pacifiste et antinationaliste. Eminente figure du monde intellectuel japonais qui a marqué la seconde moitié du XXe siècle, Shuichi Kato, est mort à Tokyo le 5 décembre, à l'âge de 89 ans. Il faisait partie de cette catégorie de grands esprits possédant une profonde connaissance de leur propre culture et de celle de l'Occident. Par sa vigilance sur les questions de la démocratie et des droits de l'homme ainsi que sa critique du suivisme frileux des Etats-Unis par son pays, il incarnait une sorte de conscience de la société japonaise moderne."
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3 ans après, janvier 2013, je lis en anglais puisqu'il n'est pas traduit en français "a Sheep's song", les mémoires de cet homme précieux, jusque dans les années 70.
Je l'ai connu bien après, à Blois, lors d'un séminaire offert par Hermès et qui nous a conduit ensuite à un fastueux dîner au Château de Chambord : notre amitié était née sur l'escalier du château de blois, en regardant ensemble la salamandre de François 1er, et s'est nouée à jamais sur l'escalier à vis de léonard de Vinci au Château de Chambord...
Plus tard, nous avons fait un voyage de quelques jours, au hasard, de Paris à la Bourgogne, et nous sommes passés par Vézelay bien sûr ! Je retrouve dans un de mes carnets la page que j'avais écrite, le 27 septembre 1993, à l'Hôtel Résidence le Pontot, chambre 7, tandis que je me reposais un peu, étourdie par l'infini dialogue qui nous liait tout au long de la route, et dont je ne pouvais qu'inscrire des repères hagards :
"C'est exactement le calme retrouvé de l'enfance, commençai-je -j'ai vécu dans le Morvan, enfant- les jardins et les murs de mon enfance, et surtout,surtout, les mêmes subtiles , délicates trilles d'oiseaux égratignant l'air: c'est avec l'oreille qu'on est dans le monde, pas avec les yeux...Avec Shuichi, j'ai redécouvert Vézelay, comme Assise, illuminée de la lumière blanche d'automne... INSENSE (j'aurais du dire "excès de sens") : France, Allemagne, Japon, Judith Triomphante, Vivaldi, Mozart, Bach, l'extase et l'enthousiasme, Rogier Van der Weyden, Lucas Cranach, Italo Calvino, Prouskhowski, Victor Hugo, Rimbaud, la source celtique, l'instant de l'étoile, Abendrot, entre chien et loup, Tsuki, kiri, oborotsuki, Schuman, le vert colibri, Balladur, Mitterand, Köln, Dusseldorf, Meursault, Pommard, Volnay, Beaune, St Père, La Fontaine Salée, le bijou, le joyau de Saint Père, le jugement dernier de Rogier Van der Weyden, l'homme qui mange sa main, les ailes rouges des anges, la Madeleine, la Putain et la Vierge, la MJCF et les bannières de Vézelay, Florence, le XVIIème, le XVème, le XVIIIème, Meneau, la légitimité de la peinture, Auxerre, Restif de la Bretonne, les pêcheurs, les 2 ponts, le pont du XIIème, l'eau brune et noire à Pierre Perthuis, l'étang de Chamerel, le Sosthène, la Gisèle, la séductrice, le coeur de la forêt profonde, Ouroux en Morvan où j'ai passé mon enfance..." et retour Place du Panthéon, 3 jours après.